Exposition: Refugium, refugia

Titre:
Exposition: Refugium, refugia
Date:
Sam, 9. novembre 2019
Catégorie:
Exposició Temporal Històric FR

Description

Exposition "Refugium, refugia", de Marco Noris

Exposition du 9 novembre 2019 au 2 février 2020

 Targeto digital Marco Noris 001 rede

Refugium, refugia

            Il y a quelques années, au cours d’une visite au Musée de l’Exil de La Jonquera, j’ai découvert l’existence du camp Joffre de Rivesaltes, un ancien camp d'internement dans le sud de la France. Il avait été ouvert dans les années 1930 et destiné à recevoir des exilés espagnols. Le camp fonctionna pendant près de 70 ans, il fut aussi utilisé comme centre d'internement pendant l’occupation nazie et, plus tard, comme camp d'internement de harkis algériens.

            L’histoire de Rivesaltes est un récit dramatique qui a traversé tout le XXe siècle et qui se prête à toutes les recherches sur les événements les plus tragiques de l’histoire européenne contemporaine. Rivesaltes n’est pas seulement un lieu géographique, c’est aussi – ou surtout, maintenant que les ruines ont laissé l’espace à la mémoire – un espace émotionnel collectif.

            Le travail qu’expose le MUME – majoritairement réalisé entre 2013 et 2016 et renouvelé actuellement grâce à une nouvelle proposition d’exposition – est né des ruines d’un camp, bourreau et témoin de l’horreur des déportations nazies et du drame de l’exil de milliers d’êtres humains. La mémoire de Rivesaltes est vivante et, de nos jours, trouve une réplique dans les camps actuels qui, partout dans le monde et aux portes de l’Europe, logent des millions de vie, des millions de réfugiés, des millions de drames : les ruines du camp sont le passé qui relie au présent et à l’actualité politique migratoire de l’Union européenne. Malgré cela, ne voyons pas ici un travail sur Rivesaltes. Ce n’est pas non plus une recherche historique. Le rôle de l’histoire est plutôt celui de guide pour un voyage à travers la mémoire émotionnelle collective qui cherche l’universalité de l’expérience individuelle au-delà des époques, des confins et des nationalités.

            Le mot refuge a son origine dans le mot latin refugium. Ce terme s’utilisait indistinctement pour faire référence au lieu vers lequel on fuyait ou pour indiquer une voie de fuite. Autrement dit, il faisait référence à un endroit à l’abri des dangers (pas nécessairement physiques et immédiats) ou à un moyen qui permettait d’échapper à une situation dangereuse. Il signifie aussi « retour, rentrée » et s’oppose au concept de « désertion ». Au pluriel, refugia faisait référence à des lieux cachés dans les maisons romaines où, en cas d’attaque ennemie ou d’incendie, le père de famille pouvait dissimuler ses biens. 

            Objection, échappatoire, marche arrière, départ. Ces termes indiquent une retraite, un mouvement hors de, dans tous les cas un état permanent de transit et de danger. 

            Notre exposition Refugium, refugia représente les lieux physiques et émotionnels du déracinement, des lieux où, fréquemment, l’enterrement suit le bannissement, où le besoin de protection s’accompagne de sa négation et où la solution à la tragédie n’est que le moindre mal. En même temps qu’ils servent de refuges, les camps condamnent et certifient la perte de dignité et d’identité du réfugié, brisé, écarté de ses racines, de sa terre, de son passé. Des fosses communes, des trous, des tumulus, des caisses… des refuges réels ou symboliques, des alternatives cyniques aux politiques européennes elles-mêmes cyniques. Le réfugié qui vit sa condition intrinsèque de déterré et fait face à l’impossibilité de rentrer chez lui, se trouve également dans l’impossibilité, absolue et définitive, d’avoir une autre maison, parce que le déracinement est un traumatisme irréversible qui touche les fondements mêmes de l’être humain.

Marco Noris (Bergame, Italie, 1971) vit et travaille à Barcelone depuis 2003. À partir de 2013, il a dirigé sa recherche artistique vers des territoires, des paysages, des ruines et vers la mémoire historique, allant librement de l'abstraction à la figuration. Plus récemment, il a envisagé une approche de la marche en tant que pratique esthétique et artistique avec « À la frontière » (2017, bourse La Capella / Barcelona Producció) et « La libération » (2018, bourse La Panera / CAN Farrera). Il a exposé à titre personnel et collectif aussi bien en Espagne (entre autres à La Capella, à La Panera, au Musée mémorial de l’Exil, dans les Galeries Trama, Contrast, Canem et Sicart, au Temple romain de Vic, à la Biennale de Vic, à l'Escorxador) qu’à l’étranger (Paris, Parme, Udine, New York). Entre 2015 et 2017 il était artiste résident à Hangar, centre de production d'arts visuels, à Barcelone. Actuellement, il est en résidence au Piramidón, centre d'art contemporain, à Barcelone.

Plus d'infos au website de Marco Noris.

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